15-23 juillet 2016
Avec BrBiJu.
L’Islande est un pays de 331000 habitants avec une densité de 3 habitants par km². Située entre les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine, elle a un relief et une géothermie marqués. Ces deux aspects nécessitaient une expédition BrBiJu, à des fins scientifiques.
L’arrivée en Islande
Notre 4×4, encore propre. |
En route vers le Landmannalaugar
Geysir |
Notre 4×4, encore propre et entier, trônant fièrement dans le Landmannalaugar |
Nous nous mettons en route, montons les escaliers venteux, puis affrontant tantôt le brouillard, tantôt le blizzard, tantôt de la géothermie (où Ju s’est d’ailleurs un peu brûlé les pieds), tantôt des sols glacés (pour rafraîchir ces mêmes pieds). BrJu ont recouvert leurs tee-shirts par des k-ways. Les paysages sont magnifiques et les couleurs variées et irréelles. Nous disposons cependant de moins de photos pour cette randonnée en raison de la météo un peu capricieuse.
Les premières déconvenues
La jambe de Bi n’étant toujours pas au meilleur de sa forme, et après quelques recherches sur ce qui était à visiter dans la région, nous décidons de partir pour Þórsmörk, censé être un des plus beaux coins de l’Islande, et pour lequel nous dénichons sur internet une randonnée semblant réalisable. Nous retraversons la F228, dans une conduite toujours aussi sportive ( J). Bi franchit une rivière, puis deux, puis trois, puis se retrouve sur une « île ». Hmmfff, bon ben, il faut rejoindre l’autre rive. Nous avons en mémoire les photos d’internet des 4×4 bloqués dans les rivières. Mais nous franchissons l’obstacle. Une fois sortis de ces péripéties, nous manquons de tomber en panne d’essence, mais nous trouvons une station de justesse. Notre véhicule semble consommer plus que prévu. C’est parti pour au moins 2 heures de route. Puis nous arrivons sur une nouvelle piste non goudronnée. Après quelques centaines de mètres parcourus, Ju constate que nous roulons sur la « F249 », la seule route islandaise « interdite » par notre contrat de location. Sur le bas-côté, de grands 4×4 sont arrêtés et les chauffeurs contrôlent la pression de leurs pneus. Nous décidons de changer nos plans pour éviter les problèmes et prenons la direction de la péninsule de Reykjanes à l’extrême Sud-Ouest de l’île, où un parc national nous attend. C’est encore plus de trois heures de route à effectuer. Avant le départ, un Islandais nous apostrophe pour nous indiquer qu’une plaque de plastique pend à l’avant de notre voiture. Après quelques bricolages, nous la refixons, et poursuivons notre route.
Sur la route, nous croisons la magnifique chute d’eau de Seljalandsfoss : il est possible de passer de l’autre côté, à la recherche d’un trésor caché comme dans les jeux vidéo.
L’envers |
L’endroit |
La route se poursuit. Comme d’habitude, Br dort. Nous arrivons à Seltún où se trouvent une station géothermique, des volcans, et un lac au sable noir. Nous commençons notre randonnée en dehors des sentiers battus (autrement dit, à escalader) et nous découvrons des petits lacs, de nouveaux paysages lunaires, des rochers, des versants décorés de diverses plantes, parfois brûlées par l’activité géothermique. Encore une fois, les paysages qui s’offrent à nous sont magnifiques.
La Ville
Toujours pas de blessés à signaler, mais pour nous préserver, entre deux ascensions de volcans, nous décidons de nous poser une journée à Reykjavik, qui est à peu près la seule vraie ville d’Islande. Il fait beau, nous en profitons pour nous promener. Bi est un peu sceptique à propos de l’architecture (car il aime les vieilles villes médiévales, pas seulement les gros cailloux). Nous décidons d’enrichir notre culture en visitant des musées :
- Le Reykjavik 871+-2, qui retrace l’histoire de la colonisation de l’Islande depuis le IXème siècle. C’est cher, mais relativement bien agencé. Bi savoure le fait de pouvoir utiliser un audioguide en Français.
- Une exposition sur les Sagas accolée au musée : c’est encore plus cher, pour voir quatre grimoires et un ordinateur interactif dans une petite salle. Nous pouvons toutefois observer le Livre de la Colonisation. Prenons notre temps pour observer, après tout, visiter cette petite salle nous coûte pas loin de 10 euros.
- Le cimetière de Holavallagardur, afin d’envoyer quelques clichés à Alice pour compléter sa collection. Nous avons mis 2 heures pour le trouver.
- Le Musée National d’Islande, à proximité du cimetière, plutôt une bonne surprise.
Comme il nous a semblé difficile de nous nourrir en dehors de la ville, nous en profitons pour essayer de découvrir des plats typiques. A midi, alors que Br préfère se contenter d’un repas végétarien, BiJu tentent une assiette de spécialités islandaises : horreur : du poisson séché très difficilement mangeable (on a cru pendant 10 minutes qu’il s’agissait d’une décoration en plastique, avant de poursuivre la mastication), et des cubes de requin fermenté absolument immondes. Courageux, nous finissons intégralement notre assiette.
Le soir, nous décidons de tenter à nouveau l’expérience des plats nationaux. Br se joint à nous, et nous goûtons une série d’assiettes à destination des touristes à arnaquer. Dans l’ensemble, cela se révèle être plutôt une bonne surprise, même si nous mangeons des choses inavouables.
Direction Akranes, un peu plus au Nord, pour passer la nuit. Curieusement, l’aubergiste n’a, une fois de plus, pas pris en compte notre réservation, mais daigne nous ouvrir une chambre. BrBi s’en vont sur la côte pour prendre l’air marin et rédiger des cartes postales.
L’Ouest sauvage
C’est parti pour deux jours dans l’Ouest, dans la péninsule du Snæfellsjökull. Nous passons d’abord par la petite église noire de Búðir, reconstruite en 1848. La légende raconte que sa construction provient d’un rêve de Bent Lárusson.
La randonnée pour le premier jour dans cette région nous conduit au bord de l’Océan Atlantique, au bord des falaises. Nous partons de Londrangar pour rejoindre la plage de sable noir et de galets de Djupalon.
Cette modeste randonnée nous invite à faire un aller-retour. Mais une fois repartis de la plage, Bi, qui avait conduit ce jour-là, est pris d’un affreux doute : « Heu… ». Il fouille ses poches. Ju rit : « Tu as perdu ton portable ? ». Bi rétorque : « Non, ce serait moins grave ». Tout le monde comprend que les clefs de la voiture sont égarées. Le groupe se sépare : BrJu refont la route vers la voiture, Bi retourne vers la plage, avant de les rejoindre, d’un pas hâtif (le mal de jambe a subitement disparu). Bi est presque sûr d’avoir laissé les clefs dans le véhicule, mais n’exclut pas de les avoir laissé tomber quelque part dans les hautes herbes. Il craint de devoir rejoindre Reykjavik et d’avoir gâché le voyage du groupe. BrJu ont des craintes encore plus anxiogènes : si la voiture est volée, nous devrons payer 30000 euros. Finalement, après une marche rapide qui a failli couter la vie au cœur de Br, nous retrouvons les clefs dans la voiture. Ju confisque les clefs à Bi, qui ne peut s’empêcher de fanfaronner tel un troll islandais.
La montée de stress nous a toutefois permis de gagner plus d’une heure sur le planning. La randonnée du jour aura duré près de 6 heures avec de nombreuses pauses, pour 18,5 km et 389 mètres de dénivelé positif.
Nous rejoignons alors – en avance, grâce à Bi, rappelons-le – le camping prévu. Le site est magnifique, entouré par l’océan et les volcans. Le personnel d’accueil de Langaholt l’est moins. Après quelque insistance, la maîtresse de maison daigne nous accorder un bonsoir et nous indiquer, fermement en pointant son bras dans une direction, où prendre un rafraîchissement. Nous buvons une bière, la payons, puis nous faisons rappeler à l’ordre « Vous avez payé ? » par la fille de la patronne. Après le stress de la journée, nous sommes pressés de prendre une douche : cela tombe bien, quand nous avons réservé et payé sur Internet, il était indiqué qu’il y avait une douche pour les campeurs. « C’est fermé », nous répond notre hôtesse. Bien. Après un repas composé d’une soupe de poissons hors de prix (surtout au vu de la quantité de poissons), nous partons monter notre tente, puis passer quelques instants sur la plage, le temps pour Ju de se faire férocement attaquer par des mouettes tout aussi hostiles que la population humaine locale.
Le lendemain, nous décidons de suivre à nouveau une trace GPS de Wikiloc, et d’escalader un volcan à proximité. De nouveau en dehors des sentiers battus, nous ne croisons personne, mis à part des moutons blancs et noirs. L’ascension de près de 1000 mètres (la première moitié étant très abrupte), nous permet de découvrir des paysages extraordinaires, avec des vues sur des glaciers et sur l’océan à l’horizon. Bien évidemment, nous n’avons pour seul repas qu’une poignée de cacahuètes pour chacun… Et une seule bouteille d’eau. En route, Ju va sacrifier ses mains et se brûler les doigts pour remplir la bouteille dans la neige.
Durant l’ascension, c’est Bi qui prend le rôle de l’éclaireur, car il adore crapahuter sur les rochers. Arrivé à 998 mètres d’altitude, il propose de poursuivre un peu plus loin, alors que le « chemin » (qui n’en est pas un, rappelons-le) se rétrécit peu à peu. Mais il est rattrapé par la raison de BrJu qui proposent de contourner le col. Commence alors la descente, moment tant redouté par Bi, dont la jambe droite se réveille rapidement. Il est alors moins téméraire, mais cela ne gâche pas le plaisir d’une randonnée dans un tel paysage. Une fois à 500 mètres d’altitude, Ju prend la tête de l’expédition. BrBi sont en retrait et arriveront en bas 1h30 plus tard, ralentis par divers facteurs physiques et mentaux altérant la descente des deux personnages.
Une fois en bas, nous constatons que nous avons parcouru 10 kilomètres dans la montagne, avec un dénivelé positif de 984 mètres.
Il est temps de reprendre la route. Rapidement, nous perdons une deuxième plaque de plastique sous le véhicule. Hhmmf, nous la conservons à l’arrière du véhicule. « On verra bien. » Nous croisons un fast food et nous faisons plaisir avec un burger bien mérité.
Vers le Nord
Nous partons vers le Grand Nord, dans la pluie et un brouillard très épais. Nous faisons halte à Egilsá, dans une auberge de jeunesse tenue par un homme fort sympathique (le contraste avec la veille est saisissant). Après quelques petites mésaventures toutefois (nous manquons de peu une sortie de route sur la précaire route d’accès au gîte ; la pression des douches est encore plus précaire que la route…), nous nous endormons paisiblement, Br et Bi équipés de leurs boules quies, et Ju entamant son concerto habituel.
Nous voyons avec anxiété la fin de notre séjour islandais approcher. Mais il nous reste encore deux jours pour profiter de nos vacances. Après les folles escalades de la veille, nous programmons une randonnée un peu plus facile (comprenez au risque de décès plus limité). Partant du lac de Mývatn à Reykjahlíð, nous nous dirigons vers la cave de Grjótagjá, où nous observons une faille assez impressionnante et une petite cave libre d’accès mais potentiellement dangereuse, dans laquelle stagne une eau étrangement bleutée. Il y a foule de touristes.
Nous poursuivons la randonnée en direction du cratère de Hverfjall. L’ascension du volcan, qui culmine à 420 mètres, nous parait aisée en comparaison de la veille. Le sommet offre un beau panorama, mais aujourd’hui, le temps n’est pas de la partie, et il y a beaucoup de brouillard : la vue sur le grand lac Mývatn est assez limitée.
Nous redescendons vers Dimmuborgir, une formation volcanique. Peu renseignés, nous nous sommes contentés de la traduction du toponyme (« château noir » ou « château sombre »). Nous nous apercevons vite qu’il n’y a rien d’autre qu’un paysage volcanique, somme toute amusant à visiter.
Nous rentrons par la route longeant le lac Mývatn. Bi a mal à la jambe, Br a mal partout, Ju a mal à la cheville et a des ampoules. Le voyage est-il en train de basculer ? Normalement, Ju n’a jamais mal nulle part.
Épuisés par une semaine sans jamais s’arrêter, nous décidons de chercher un hôtel ou une chambre d’hôtes. Mais la région est touristique et il n’y a plus grand choix. Nous trouvons sur Tripadvisor un hébergement non loin de notre position. D’après la carte, il est situé au milieu d’un fleuve. D’après les commentaires, il s’agit d’une « ancienne école ». Ça promet. Mais nous n’avons pas trop le choix, alors nous nous mettons en route. Arrivés sur les lieux, il y a un pont sur le fleuve, mais pas d’ancienne école. Ju téléphone. L’hôtesse comprend aussi bien l’Anglais que Bi. S’ensuit un long dialogue de sourds. Nous tournons dans le désert à la recherche d’une maison blanche. « C’est à droite après le pont », nous dit-on au téléphone. Mais après le pont, il n’y a que de la caillasse sur des dizaines de kilomètres. Nous finissons par comprendre que, encore une fois, l’aubergiste ne sait pas se servir d’internet et l’établissement est en réalité localisé à deux heures de route de nous, encore plus au Nord.
Le désert où nous cherchions un hôtel, « à droite après le pont ». |
Par miracle, nous trouvons sur notre route une autre chambre d’hôtes. Nous partageons une maison surchauffée avec un couple espagnol.
Les tableaux d’électricité modernes dans l’Islande profonde. |
Nous décidons d’acheter quelques bières à 30 minutes de l’établissement, au « supermarché » de Reykjahlíð. Nous constatons alors qu’en Islande, il est impossible de ramener chez soi un alcool de plus de 2,25 degrés. Pour Bi, c’est clair, heureusement que le voyage touche à sa fin !
Il reste encore un jour à occuper, et cela se fera sans difficultés, tant ce pays est un plaisir pour les yeux. Mais voilà : Ju doit se marier dans une semaine. Autrement dit, ce sera le plus beau jour de sa vie. Il ne peut donc pas revenir (trop) estropié. Nous amendons donc le projet du lendemain et remplaçons la longue et montante randonnée par une visite de points d’intérêt avec des étapes en voiture.
Nous commençons par visiter trois « foss », trois chutes d’eau assez proches les unes des autres. Le spectacle est tout simplement magnifique, et semble, encore une fois, irréel.
Dettifoss |
Dettifoss |
Selfoss |
Hafragilsfoss |
Le paysage autour de Hafragilsfoss est extraordinaire :
Puis, avant de quitter le pays, nous décidons de visiter encore un peu quelques activités géothermiques, au grand dam de Ju qui ne supporte plus l’odeur de souffre et d’œufs pourris. A Hverir, il reste dans la voiture pendant que BrBi vont observer la boue bouillonnante.
Puis, nous nous dirigeons vers la centrale de Krafla où se trouve une petite exposition expliquant l’histoire et le fonctionnement de ces centrales. L’Islande produit en effet de l’énergie à 99,8% renouvelable. C’est sans doute cela qui explique qu’ils surchauffent tous leurs bâtiments, et que nous sommes obligés d’ouvrir les fenêtres en grand tandis que le chauffage tourne à fond. Ce n’est pas très #COP21, mais ils peuvent se le permettre.
A proximité se trouve un lac au fond d’un cratère. Son eau bleutée (Photoshop n’est pas intervenu dans les photos ci-dessous, ni dans aucun cliché de cette page, contrairement aux apparences) aurait des vertus guérisseuses. Nous n’avons malheureusement pas testé d’y tremper la jambe droite de Bi, ni le pied gauche de Ju, ni le corps de Br. Il faudra revenir, pour la science. Cela coûterait moins cher en Prontalgine à Bi, qui en a avalé plaquettes par plaquettes durant la semaine.
Un retour coûteux
Alors que nous avons pu observer ce magnifique lac sous le soleil, renforçant son aspect bleuté, une force divine nous rappelle qu’il est temps de partir, et déclenche une forte averse. Nous courons vers la voiture, et nous dirigerons vers Akureyri.
Chemin faisant, nous croisons quelques paysages « banals » islandais :
Eyjafjörður |
Goðafoss |
Akureyri, la deuxième plus grand ville du pays (moins de 18000 habitants), notre étape sur la route du retour vers Keflavik. Au creux du fjord Eyjafjörður, elle possède un charme particulier.
La population locale |
L’art local |
Notre bar-QG. |
En revanche, l’église principale est moche. |
Le lendemain, 5 heures de route nous attendent. C’est l’occasion d’estimer plus précisément la consommation de notre 4×4 Suzuki. Un plein (environ 1,50 euro / litre d’essence) nous permet de rouler environ 390 kilomètres, tout en respectant les limitations de vitesse. C’est peu. Surtout que nous avons parcouru près de 2500 kilomètres en une semaine, majoritairement sur la fameuse route numéro 1, bien entretenue, mais limitée à 90km/heure, difficiles à tenir pour Bi en pleine ligne droite 2×2 voies. Mais le régulateur était là pour l’y aider.
Le trou dans le portefeuille occasionné par ce voyage (par la voiture certes, mais aussi par tout le reste, 7 euros le paquet de chips, bon sang de bois !) n’aura pas gâché ce séjour islandais, pays qui doit être visité par tous les amoureux de la nature. Nous rentrons appauvris, mais avec des images fabuleuses plein la tête. Malgré une météo assez variable, nous rentrons bronzés (et Bi va peler du nez pendant quelques semaines) et les cuisses musclées. Une semaine ne suffit pas pour visiter toutes les régions de l’Islande, mais nous sommes assez fiers de ce que nous avons réussi à accomplir, car nous avons pu observer des paysages très diversifiés. Les petites blessures des trois randonneurs du dimanche BrBiJu n’ont, cette fois, mis un terme à aucune randonnée.
Sylvie beaulieu
Heureusement que j’ai des amis qui ont visité et apprécie ce pays car vous êtes plus que negatifs
Bister
On est surtout des intégristes du second degré !