Islande

Mort de Juillet 2016
15-23 juillet 2016

Avec BrBiJu.

Volcans, glaciers, géothermie, et trous dans le portefeuille.
Après l’échec de la Mort de Mars 2014 en Corse, la folle équipe était de retour en Islande, au pays des trolls, pour de nouvelles aventures.
Le principe de l’excursion a peu changé. La situation des membres du groupe a peu évolué : Br est toujours un vaillant Assistant d’Education en lycée, Ju un talentueux ingénieur informaticien. Seul Bi a démissionné de l’Education Nationale, dans l’impréparation la plus totale. Ce dernier critère colle également au principe des voyages BrBiJu : il faut le moins de préparation possible : pour manger au milieu des montagnes, « on verra bien », pour les randonnées, « on verra bien », pour la voiture, « on verra bien ».
BrBiJu, des faiblesses connues et parfois révélées durant ce périple
L’Islande est un jeune pays assez particulier, de par son histoire et sa situation insulaire. Après quelques jours passés sur son territoire, on se félicite de dénicher un paquet de chips « pas cher », c’est-à-dire à moins de 7 euros, et, quand on s’aventure dans un restaurant, on se permet de prendre une part de gâteau au chocolat en guise de dessert car « ah, ça va, ici il fait à peine 15 euros ». Si l’Islande devient un pays touristique de plus en plus « à la mode », il garde encore un caractère sauvage. Nous aurons l’occasion d’observer dans ce récit que, même dans les endroits touristiques, les Islandais n’ont pas encore eu l’idée d’aménager de véritables infrastructures pour les aventuriers. Cette situation permet à la nature de conserver un aspect authentique et l’on ne peut que s’en réjouir… mais en contrepartie, le danger de mort pour BrBiJu a été démultiplié. Notons toutefois que la situation pourrait évoluer dans les prochaines années, comme le laissent penser les engins de travaux croisés ici et là et certains articles sur internet : « Le gouvernement islandais a listé 24 sites touristiques très fréquentés, qui nécessitent une action urgente pour assurer la sécurité des visiteurs. »

L’Islande est un pays de 331000 habitants avec une densité de 3 habitants par km². Située entre les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine, elle a un relief et une géothermie marqués. Ces deux aspects nécessitaient une expédition BrBiJu, à des fins scientifiques.

L’arrivée en Islande

Nous arrivons donc vendredi vers 23h30 à l’aéroport de Keflavik après 3h20 de vol, en pleine journée puisque la nuit n’existe pas en juillet en Islande. Après avoir récupéré nos bagages et notre véhicule de location, dont nous aurons l’occasion de reparler, et armés de nos masques de sommeil, nous nous dirigeons vers notre première auberge de jeunesse, située à plus d’une heure de route, près de Hveragerði.
Notre 4×4, encore propre.

En route vers le Landmannalaugar

Après quelques heures de sommeil, il est temps de se diriger vers Landmannalaugar, après quelques étapes matinales. Sous un temps d’abord assez maussade, nous faisons halte à Geysir où se trouve le geyser qui a donné son nom à tous les autres. Un geyser, pour les dominer tous.
A proximité se trouve une des rares boutiques islandaises à destination des touristes. Ayant conscience que nous nous dirigerons vers un lieu de randonnée exigeant, et que nous n’avons absolument rien à manger ni à boire (c’est ça, la préparation BrBiJu), nous décidons d’y entrer en quête de nourriture, et de deux pulls (car Br et Ju ont oublié leurs pulls en France, normal quand on prévoit de faire des randonner dans des glaciers). Finalement, nous ressortons les mains vides et en tee-shirt, constatant que le paquet de chips coûte plus de 7 euros, et les pulls environ 200 euros.
Geysir
Quelques kilomètres plus tard et toujours vers l’Est, nous faisons halte aux chutes de Gullfoss, où, malgré une légère bruine, nous en prenons plein la vue.
Gullfoss

 

Nous poursuivons la route en direction des volcans de Landmannalaugar. Après plusieurs dizaines de kilomètres, la « F26 » cède sa place à la piste « F228 » : la route goudronnée et les ponts cèdent peu à peu leurs places à la terre, aux graviers, aux nids de poule et aux rivières. Peu importe, c’est pour cela que nous avons loué un 4×4. Sûrs de nous, nous poursuivons notre route, moquant les autres véhicules semblant manquer d’assurance en roulant à petite vitesse. Nous en reparlerons plus tard.
Notre 4×4, encore propre et entier, trônant fièrement dans le Landmannalaugar
Arrivés à destination, après avoir sinué entre des volcans aux couleurs indescriptibles, alternant entre orange, brun, vert et bleu, au milieu de paysages lunaires, nous recherchons le début de notre randonnée. Un point d’information est à notre disposition. Notre porte-parole, Ju, va demander où il est possible de trouver à manger. Réponse : dans une station essence à 60km d’ici (nous sommes passés devant plus d’une heure auparavant), ou dans un restaurant dans une ville à 250km d’ici. Tant pis, nous mangerons ce soir, ou demain, après la randonnée. Cent mètres plus loin, nous découvrons toutefois un modeste vendeur de cacahuètes et de soupes. Merci le point d’information.
La première randonnée commence maintenant. Nous suivons une trace GPS générée sur le site Wikiloc. Elle suit dans un premier temps les sentiers balisés où marchent de nombreux touristes, avant de s’en écarter enfin. Sinuant entre les volcans et quelques éruptions géothermiques, nous traversons à plusieurs reprises une rivière en sautant, l’occasion de mouiller nos chaussures. Les pieds trempés, nous continuons à suivre la trace. Elle nous invite à escalader une montagne abrupte. Le plus vaillant d’entre nous, Ju, décide de partir en éclaireur : c’est là sa première occasion de Mort. Une fois en haut, il se retrouve les pieds au bord du vide, et constate vite que la descente est plus complexe que la montée. Alors que l’un de ses deux compères est en proie à une crise de tétanie à mi-flanc de la montagne, Ju redescend, tant bien que mal, faisant glisser moult cailloux qui tombent en contrebas.
Après avoir recherché un « chemin » alternatif, nous repartons en quête des randonnées balisées, après avoir franchi à nouveau les rivières et trempé les quelques pieds qui n’avaient pas encore été immergés à l’aller. Bi est comme dans un état second et saute de rochers en rochers, car il aime bien les gros cailloux. BrBiJu rencontrent ensuite des randonneurs français, qui leur conseillent un chemin offrant une randonnée « facile » et balisée de 3 heures (6h aller-retour) vers un refuge. Ils nous précisent tout de même avoir rencontré une Française paniquée car « hier, un randonneur est mort en tentant de franchir un pont de glace ».

Nous nous mettons en route, montons les escaliers venteux, puis affrontant tantôt le brouillard, tantôt le blizzard, tantôt de la géothermie (où Ju s’est d’ailleurs un peu brûlé les pieds), tantôt des sols glacés (pour rafraîchir ces mêmes pieds). BrJu ont recouvert leurs tee-shirts par des k-ways. Les paysages sont magnifiques et les couleurs variées et irréelles. Nous disposons cependant de moins de photos pour cette randonnée en raison de la météo un peu capricieuse.

Après une dizaine de kilomètres parcourus s’offre à nous une vaste étendue de glace. Impossible de savoir ce qui se trouve en dessous : de l’eau ? de la terre ? du vide ? Br refuse de continuer. Bi appelle à poursuivre avec prudence, le refuge étant à notre portée. Ju hésite. Finalement, nous rebroussons chemin, sans savoir si une bonne pinte de bière – pour Bi – ou un bol de chocolat chaud – pour Br – étaient prêts plus loin.
Sur le chemin du retour, la jambe droite de Bi commence à faire des siennes : le Mal qui ronge Bi à chaque randonnée ne le quittera presque plus de la semaine, sauf lors de quelques brefs passages de guérison spontanée. C’est l’heure de prendre du Prontalgine.
De retour à la voiture quelques heures plus tard, après avoir franchi entre 500 et 600 mètres de dénivelés positifs sur une vingtaine de kilomètres, nous hésitons sur notre lieu de coucher et finissons par opter par la recherche d’un hôtel, peu enclins à affronter à nouveau le froid et la pluie pour monter la tente. Cette situation n’est pas sans rappeler la Corse. Ju réserve un hébergement, paie via son application, puis téléphone pour connaître les modalités de notre arrivée. Impossible de les contacter. Ju essaie de joindre Booking durant 45 minutes sans succès, puis nous allons monter notre tente. Ju ronfle toute la nuit, Brbi écoutent le concert et s’endorment au petit matin, juste avant de se lever.

Les premières déconvenues

La jambe de Bi n’étant toujours pas au meilleur de sa forme, et après quelques recherches sur ce qui était à visiter dans la région, nous décidons de partir pour Þórsmörk, censé être un des plus beaux coins de l’Islande, et pour lequel nous dénichons sur internet une randonnée semblant réalisable. Nous retraversons la F228, dans une conduite toujours aussi sportive ( J). Bi franchit une rivière, puis deux, puis trois, puis se retrouve sur une « île ». Hmmfff, bon ben, il faut rejoindre l’autre rive. Nous avons en mémoire les photos d’internet des 4×4 bloqués dans les rivières. Mais nous franchissons l’obstacle. Une fois sortis de ces péripéties, nous manquons de tomber en panne d’essence, mais nous trouvons une station de justesse. Notre véhicule semble consommer plus que prévu. C’est parti pour au moins 2 heures de route. Puis nous arrivons sur une nouvelle piste non goudronnée. Après quelques centaines de mètres parcourus, Ju constate que nous roulons sur la « F249 », la seule route islandaise « interdite » par notre contrat de location. Sur le bas-côté, de grands 4×4 sont arrêtés et les chauffeurs contrôlent la pression de leurs pneus. Nous décidons de changer nos plans pour éviter les problèmes et prenons la direction de la péninsule de Reykjanes à l’extrême Sud-Ouest de l’île, où un parc national nous attend. C’est encore plus de trois heures de route à effectuer. Avant le départ, un Islandais nous apostrophe pour nous indiquer qu’une plaque de plastique pend à l’avant de notre voiture. Après quelques bricolages, nous la refixons, et poursuivons notre route.

Sur la route, nous croisons la magnifique chute d’eau de Seljalandsfoss : il est possible de passer de l’autre côté, à la recherche d’un trésor caché comme dans les jeux vidéo.

L’envers
L’endroit

La route se poursuit. Comme d’habitude, Br dort. Nous arrivons à Seltún où se trouvent une station géothermique, des volcans, et un lac au sable noir. Nous commençons notre randonnée en dehors des sentiers battus (autrement dit, à escalader) et nous découvrons des petits lacs, de nouveaux paysages lunaires, des rochers, des versants décorés de diverses plantes, parfois brûlées par l’activité géothermique. Encore une fois, les paysages qui s’offrent à nous sont magnifiques.

Direction Reykjavik pour la nuit (enfin, le jour…). Nouvelle déconvenue : Lili, notre aubergiste, ne répond pas malgré la réservation (les Islandais auraient-ils du mal à gérer normalement leurs réservations sur internet ?). Finalement, nous nous retrouvons dans un hôtel en périphérie de la capitale, ouf.

La Ville

Toujours pas de blessés à signaler, mais pour nous préserver, entre deux ascensions de volcans, nous décidons de nous poser une journée à Reykjavik, qui est à peu près la seule vraie ville d’Islande. Il fait beau, nous en profitons pour nous promener. Bi est un peu sceptique à propos de l’architecture (car il aime les vieilles villes médiévales, pas seulement les gros cailloux). Nous décidons d’enrichir notre culture en visitant des musées :

  •         Le Reykjavik 871+-2, qui retrace l’histoire de la colonisation de l’Islande depuis le IXème siècle. C’est cher, mais relativement bien agencé. Bi savoure le fait de pouvoir utiliser un audioguide en Français.
  •         Une exposition sur les Sagas accolée au musée : c’est encore plus cher, pour voir quatre grimoires et un ordinateur interactif dans une petite salle. Nous pouvons toutefois observer le Livre de la Colonisation. Prenons notre temps pour observer, après tout, visiter cette petite salle nous coûte pas loin de 10 euros.
  •         Le cimetière de Holavallagardur, afin d’envoyer quelques clichés à Alice pour compléter sa collection. Nous avons mis 2 heures pour le trouver.
  •         Le Musée National d’Islande, à proximité du cimetière, plutôt une bonne surprise.

Comme il nous a semblé difficile de nous nourrir en dehors de la ville, nous en profitons pour essayer de découvrir des plats typiques. A midi, alors que Br préfère se contenter d’un repas végétarien, BiJu tentent une assiette de spécialités islandaises : horreur : du poisson séché très difficilement mangeable (on a cru pendant 10 minutes qu’il s’agissait d’une décoration en plastique, avant de poursuivre la mastication), et des cubes de requin fermenté absolument immondes. Courageux, nous finissons intégralement notre assiette.

Le soir, nous décidons de tenter à nouveau l’expérience des plats nationaux. Br se joint à nous, et nous goûtons une série d’assiettes à destination des touristes à arnaquer. Dans l’ensemble, cela se révèle être plutôt une bonne surprise, même si nous mangeons des choses inavouables.

Direction Akranes, un peu plus au Nord, pour passer la nuit. Curieusement, l’aubergiste n’a, une fois de plus, pas pris en compte notre réservation, mais daigne nous ouvrir une chambre. BrBi s’en vont sur la côte pour prendre l’air marin et rédiger des cartes postales.

L’Ouest sauvage

C’est parti pour deux jours dans l’Ouest, dans la péninsule du Snæfellsjökull. Nous passons d’abord par la petite église noire de Búðir, reconstruite en 1848. La légende raconte que sa construction provient d’un rêve de Bent Lárusson.

La randonnée pour le premier jour dans cette région nous conduit au bord de l’Océan Atlantique, au bord des falaises. Nous partons de Londrangar pour rejoindre la plage de sable noir et de galets de Djupalon.

Cette modeste randonnée nous invite à faire un aller-retour. Mais une fois repartis de la plage, Bi, qui avait conduit ce jour-là, est pris d’un affreux doute : « Heu… ». Il fouille ses poches. Ju rit : « Tu as perdu ton portable ? ». Bi rétorque : « Non, ce serait moins grave ». Tout le monde comprend que les clefs de la voiture sont égarées. Le groupe se sépare : BrJu refont la route vers la voiture, Bi retourne vers la plage, avant de les rejoindre, d’un pas hâtif (le mal de jambe a subitement disparu). Bi est presque sûr d’avoir laissé les clefs dans le véhicule, mais n’exclut pas de les avoir laissé tomber quelque part dans les hautes herbes. Il craint de devoir rejoindre Reykjavik et d’avoir gâché le voyage du groupe. BrJu ont des craintes encore plus anxiogènes : si la voiture est volée, nous devrons payer 30000 euros. Finalement, après une marche rapide qui a failli couter la vie au cœur de Br, nous retrouvons les clefs dans la voiture. Ju confisque les clefs à Bi, qui ne peut s’empêcher de fanfaronner tel un troll islandais.

La montée de stress nous a toutefois permis de gagner plus d’une heure sur le planning. La randonnée du jour aura duré près de 6 heures avec de nombreuses pauses, pour 18,5 km et 389 mètres de dénivelé positif.

Nous rejoignons alors – en avance, grâce à Bi, rappelons-le – le camping prévu. Le site est magnifique, entouré par l’océan et les volcans. Le personnel d’accueil de Langaholt l’est moins. Après quelque insistance, la maîtresse de maison daigne nous accorder un bonsoir et nous indiquer, fermement en pointant son bras dans une direction, où prendre un rafraîchissement. Nous buvons une bière, la payons, puis nous faisons rappeler à l’ordre « Vous avez payé ? » par la fille de la patronne. Après le stress de la journée, nous sommes pressés de prendre une douche : cela tombe bien, quand nous avons réservé et payé sur Internet, il était indiqué qu’il y avait une douche pour les campeurs. « C’est fermé », nous répond notre hôtesse. Bien. Après un repas composé d’une soupe de poissons hors de prix (surtout au vu de la quantité de poissons), nous partons monter notre tente, puis passer quelques instants sur la plage, le temps pour Ju de se faire férocement attaquer par des mouettes tout aussi hostiles que la population humaine locale.

Le lendemain, nous décidons de suivre à nouveau une trace GPS de Wikiloc, et d’escalader un volcan à proximité. De nouveau en dehors des sentiers battus, nous ne croisons personne, mis à part des moutons blancs et noirs. L’ascension de près de 1000 mètres (la première moitié étant très abrupte), nous permet de découvrir des paysages extraordinaires, avec des vues sur des glaciers et sur l’océan à l’horizon. Bien évidemment, nous n’avons pour seul repas qu’une poignée de cacahuètes pour chacun… Et une seule bouteille d’eau. En route, Ju va sacrifier ses mains et se brûler les doigts pour remplir la bouteille dans la neige.

Durant l’ascension, c’est Bi qui prend le rôle de l’éclaireur, car il adore crapahuter sur les rochers. Arrivé à 998 mètres d’altitude, il propose de poursuivre un peu plus loin, alors que le « chemin » (qui n’en est pas un, rappelons-le) se rétrécit peu à peu. Mais il est rattrapé par la raison de BrJu qui proposent de contourner le col. Commence alors la descente, moment tant redouté par Bi, dont la jambe droite se réveille rapidement. Il est alors moins téméraire, mais cela ne gâche pas le plaisir d’une randonnée dans un tel paysage. Une fois à 500 mètres d’altitude, Ju prend la tête de l’expédition. BrBi sont en retrait et arriveront en bas 1h30 plus tard, ralentis par divers facteurs physiques et mentaux altérant la descente des deux personnages.

Une fois en bas, nous constatons que nous avons parcouru 10 kilomètres dans la montagne, avec un dénivelé positif de 984 mètres.

Il est temps de reprendre la route. Rapidement, nous perdons une deuxième plaque de plastique sous le véhicule. Hhmmf, nous la conservons à l’arrière du véhicule. « On verra bien. » Nous croisons un fast food et nous faisons plaisir avec un burger bien mérité.

Vers le Nord

Nous partons vers le Grand Nord, dans la pluie et un brouillard très épais. Nous faisons halte à Egilsá, dans une auberge de jeunesse tenue par un homme fort sympathique (le contraste avec la veille est saisissant). Après quelques petites mésaventures toutefois (nous manquons de peu une sortie de route sur la précaire route d’accès au gîte ; la pression des douches est encore plus précaire que la route…), nous nous endormons paisiblement, Br et Bi équipés de leurs boules quies, et Ju entamant son concerto habituel.

Nous voyons avec anxiété la fin de notre séjour islandais approcher. Mais il nous reste encore deux jours pour profiter de nos vacances. Après les folles escalades de la veille, nous programmons une randonnée un peu plus facile (comprenez au risque de décès plus limité). Partant du lac de Mývatn à Reykjahlíð, nous nous dirigons vers la cave de Grjótagjá, où nous observons une faille assez impressionnante et une petite cave libre d’accès mais potentiellement dangereuse, dans laquelle stagne une eau étrangement bleutée. Il y a foule de touristes.

Nous poursuivons la randonnée en direction du cratère de Hverfjall. L’ascension du volcan, qui culmine à 420 mètres, nous parait aisée en comparaison de la veille. Le sommet offre un beau panorama, mais aujourd’hui, le temps n’est pas de la partie, et il y a beaucoup de brouillard : la vue sur le grand lac Mývatn est assez limitée.

Nous redescendons vers Dimmuborgir, une formation volcanique. Peu renseignés, nous nous sommes contentés de la traduction du toponyme (« château noir » ou « château sombre »). Nous nous apercevons vite qu’il n’y a rien d’autre qu’un paysage volcanique, somme toute amusant à visiter.

Nous rentrons par la route longeant le lac Mývatn. Bi a mal à la jambe, Br a mal partout, Ju a mal à la cheville et a des ampoules. Le voyage est-il en train de basculer ? Normalement, Ju n’a jamais mal nulle part.

Épuisés par une semaine sans jamais s’arrêter, nous décidons de chercher un hôtel ou une chambre d’hôtes. Mais la région est touristique et il n’y a plus grand choix. Nous trouvons sur Tripadvisor un hébergement non loin de notre position. D’après la carte, il est situé au milieu d’un fleuve. D’après les commentaires, il s’agit d’une « ancienne école ». Ça promet. Mais nous n’avons pas trop le choix, alors nous nous mettons en route. Arrivés sur les lieux, il y a un pont sur le fleuve, mais pas d’ancienne école. Ju téléphone. L’hôtesse comprend aussi bien l’Anglais que Bi. S’ensuit un long dialogue de sourds. Nous tournons dans le désert à la recherche d’une maison blanche. « C’est à droite après le pont », nous dit-on au téléphone. Mais après le pont, il n’y a que de la caillasse sur des dizaines de kilomètres. Nous finissons par comprendre que, encore une fois, l’aubergiste ne sait pas se servir d’internet et l’établissement est en réalité localisé à deux heures de route de nous, encore plus au Nord.

Le désert où nous cherchions un hôtel, « à droite après le pont ».

Par miracle, nous trouvons sur notre route une autre chambre d’hôtes. Nous partageons une maison surchauffée avec un couple espagnol.

Les tableaux d’électricité modernes dans l’Islande profonde.

Nous décidons d’acheter quelques bières à 30 minutes de l’établissement, au « supermarché » de  Reykjahlíð. Nous constatons alors qu’en Islande, il est impossible de ramener chez soi un alcool de plus de 2,25 degrés. Pour Bi, c’est clair, heureusement que le voyage touche à sa fin !

Il reste encore un jour à occuper, et cela se fera sans difficultés, tant ce pays est un plaisir pour les yeux. Mais voilà : Ju doit se marier dans une semaine. Autrement dit, ce sera le plus beau jour de sa vie. Il ne peut donc pas revenir (trop) estropié. Nous amendons donc le projet du lendemain et remplaçons la longue et montante randonnée par une visite de points d’intérêt avec des étapes en voiture.

Nous commençons par visiter trois « foss », trois chutes d’eau assez proches les unes des autres. Le spectacle est tout simplement magnifique, et semble, encore une fois, irréel.

Dettifoss
Dettifoss
Selfoss
Hafragilsfoss

Le paysage autour de Hafragilsfoss est extraordinaire :

Puis, avant de quitter le pays, nous décidons de visiter encore un peu quelques activités géothermiques, au grand dam de Ju qui ne supporte plus l’odeur de souffre et d’œufs pourris. A Hverir, il reste dans la voiture pendant que BrBi vont observer la boue bouillonnante.



Puis, nous nous dirigeons vers la centrale de Krafla où se trouve une petite exposition expliquant l’histoire et le fonctionnement de ces centrales. L’Islande produit en effet de l’énergie à 99,8% renouvelable. C’est sans doute cela qui explique qu’ils surchauffent tous leurs bâtiments, et que nous sommes obligés d’ouvrir les fenêtres en grand tandis que le chauffage tourne à fond. Ce n’est pas très #COP21, mais ils peuvent se le permettre.

A proximité se trouve un lac au fond d’un cratère. Son eau bleutée (Photoshop n’est pas intervenu dans les photos ci-dessous, ni dans aucun cliché de cette page, contrairement aux apparences) aurait des vertus guérisseuses. Nous n’avons malheureusement pas testé d’y tremper la jambe droite de Bi, ni le pied gauche de Ju, ni le corps de Br. Il faudra revenir, pour la science. Cela coûterait moins cher en Prontalgine à Bi, qui en a avalé plaquettes par plaquettes durant la semaine.

Un retour coûteux

Alors que nous avons pu observer ce magnifique lac sous le soleil, renforçant son aspect bleuté, une force divine nous rappelle qu’il est temps de partir, et déclenche une forte averse. Nous courons vers la voiture, et nous dirigerons vers Akureyri.

Chemin faisant, nous croisons quelques paysages « banals » islandais :

Eyjafjörður
Goðafoss

Akureyri, la deuxième plus grand ville du pays (moins de 18000 habitants), notre étape sur la route du retour vers Keflavik. Au creux du fjord Eyjafjörður, elle possède un charme particulier.

La population locale
L’art local
Notre bar-QG.
En revanche, l’église principale est moche.
Dernier dessert « typique » :
Le Skyr Cake, lait fermenté avec des levures et des champignons, importé par les Norvégiens au Moyen Âge (on imagine bien les Vikings déguster ce coulis aux fruits rouges), que désormais SEULS les Islandais consomment encore. Bref, un gâteau au fromage à 15 euros, quoi.

Le lendemain, 5 heures de route nous attendent. C’est l’occasion d’estimer plus précisément la consommation de notre 4×4 Suzuki. Un plein (environ 1,50 euro / litre d’essence) nous permet de rouler environ 390 kilomètres, tout en respectant les limitations de vitesse. C’est peu. Surtout que nous avons parcouru près de 2500 kilomètres en une semaine, majoritairement sur la fameuse route numéro 1, bien entretenue, mais limitée à 90km/heure, difficiles à tenir pour Bi en pleine ligne droite 2×2 voies. Mais le régulateur était là pour l’y aider.

Après 7 jours de circulation sur route, sur chemins (et dans rivières !), le 4×4 est beaucoup plus sale. Inutile de rappeler que deux plaques de plastique ayant pour vocation de protéger le dessous de la voiture sont entreposées à l’arrière de la voiture. Nous arrivons à l’agence de location. La tenancière se montre ferme et nous informe de la nécessite de procéder à une expertise. La voiture monte sur le pont, c’est le drame : la voiture est abîmée, et il y a des fuites d’huile. Cela va coûter bonbon, mais heureusement, le prix pourra être divisé par trois, et la franchise pourra peut-être limiter le drame.
Dernier cadeau du généreux peuple islandais.

Le trou dans le portefeuille occasionné par ce voyage (par la voiture certes, mais aussi par tout le reste, 7 euros le paquet de chips, bon sang de bois !) n’aura pas gâché ce séjour islandais, pays qui doit être visité par tous les amoureux de la nature. Nous rentrons appauvris, mais avec des images fabuleuses plein la tête. Malgré une météo assez variable, nous rentrons bronzés (et Bi va peler du nez pendant quelques semaines) et les cuisses musclées. Une semaine ne suffit pas pour visiter toutes les régions de l’Islande, mais nous sommes assez fiers de ce que nous avons réussi à accomplir, car nous avons pu observer des paysages très diversifiés. Les petites blessures des trois randonneurs du dimanche BrBiJu n’ont, cette fois, mis un terme à aucune randonnée.

A bientôt l’Islande ! Nous partons en Rolls, dans un avion à l’effigie de Dubaï.
Photos : A&R et JC.

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2 Comments

  1. Sylvie beaulieu

    Heureusement que j’ai des amis qui ont visité et apprécie ce pays car vous êtes plus que negatifs

  2. Bister

    On est surtout des intégristes du second degré !

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