J’irai mourir dans les Carpates
BiJu, 26 mai – 3 juin 2025
Jour 0 — L’art délicat de se faire avoir avec courtoisie
Avant même que la première goutte de sueur n’imprègne nos vêtements techniques, avant même que nos semelles ne foulent la moindre crête carpatique, l’aventure avait déjà commencé. Et pas sous les auspices les plus prometteurs.
Tout avait pourtant bien commencé : une réservation de voiture de location, effectuée avec soin depuis la France, sur un comparateur en ligne au design moderne, rassurant, presque trop. Le devis initial : 156 euros. Une aubaine. Une fois arrivés sur place, à 19 heures (soit six heures plus tard que prévu par le site concerné, un détail d’organisation que nous préférerons qualifier d’optimisme logistique), nous avons découvert que cette offre si alléchante n’existait plus.
Pourquoi ? Parce qu’il fallait récupérer le véhicule entre midi et 13 heures. Une subtilité que nous avions négligée. Et comme la station de location ne se trouvait pas directement à l’aéroport — mais dans une zone mystérieusement accessible uniquement via une navette — nous avons perdu un temps précieux à chercher ladite navette… en vain. Résignés, nous avons opté pour un taxi Uber pour rejoindre enfin l’agence.
Là, surprise : la voiture avait été relouée à un autre client — logique, étant donné notre retard. Toutefois, l’agence avait encore un véhicule disponible. Identique, selon leurs dires. Mais pas tout à fait. Puisque ce n’était pas exactement le même modèle, il fallait s’acquitter d’un supplément de 400 euros avec l’assurance. Nous avons donc payé 440 euros au lieu des 156 initiaux. L’art du recalcul.
Ajoutons à cela un second malentendu : le comparateur de prix, pourtant si performant, n’avait pas réellement réservé le véhicule. Les 100 euros versés en ligne l’avaient été uniquement pour accéder au privilège de cette mésaventure. Une sorte de droit d’entrée dans le monde feutré de la double facturation.
Nous avons donc, en toute élégance, payé 100 euros pour une recommandation douteuse, puis 440 euros pour une voiture que nous pensions avoir déjà louée.
Il n’y eut ni randonnée ni sommet ce jour-là. Mais l’apprentissage fut intense : en Roumanie, la montagne peut attendre, l’arnaque, jamais.
Jour 1 — Le vent, la pluie et l’alerte inondation
Trente kilomètres. Mille cinq cent cinquante mètres de dénivelé positif. Et une météo qui, dès les premières heures, a placé la journée sous le signe de la persévérance… et de l’humidité.
La randonnée s’est déroulée, pour une large part, sous la pluie. Les deux tiers du parcours, environ. Le début fut clément, tout comme la toute fin, et ces quelques moments sans précipitation nous parurent d’une douceur inattendue, tant le reste de la journée fut rude.
Le froid, lui, ne nous a jamais quittés. Le vent soufflait sans relâche. Au sommet, la température ne devait guère excéder 2 ou 3 degrés (et la température ressentie autour de 0). Et nous étions bien loin de la quiétude alpine : trempés, transis, avec une visibilité quasi nulle, nous avancions entre les arbres, dans un brouillard tenace, bercés par le claquement régulier de nos vêtements détrempés.
À mesure que nous progressions, nos téléphones se sont mis à vibrer frénétiquement. Il ne s’agissait pas de notifications classiques, mais d’alertes émanant directement du réseau roumain, nous avertissant d’un risque d’inondation. L’un d’entre nous en a reçu une dizaine d’affilée, l’autre seulement deux. Mais le message était clair : alerte extrême jusqu’à midi, puis jusqu’à 14 heures. La montagne, quant à elle, n’avait pas attendu ces horaires pour nous inonder.
Les dix premiers kilomètres, avant que les nuages ne s’installent durablement, nous ont offert une très belle vue sur la ville de Brașov, paisiblement nichée en contrebas. Puis le rideau de pluie s’est refermé, et nous n’avons plus rien vu d’autre que des troncs, des pierres, et l’épaisseur grise du brouillard.
Le sommet fut particulièrement éprouvant. Le froid mordait, les mains refusaient d’obéir. L’un d’entre nous en venait à ne plus pouvoir les utiliser, et le simple fait de repartir après une courte pause fut une véritable épreuve. Le corps refusait d’avancer. L’esprit, lui, résistait par instinct.
Ce n’est qu’en entamant la descente que nous avons pu, lentement, retrouver un semblant de confort. Toutefois, les conséquences de cette journée commençaient déjà à se faire sentir. Bi découvrit que son dos était partiellement bloqué, conséquence habituelle de son métier de merde. Une douleur sourde, persistante, s’installait, ne laissant augurer rien de bon pour les jours à venir.
Du côté de Ju, c’est son téléphone qui refusa soudain de coopérer. L’humidité ayant envahi jusqu’au port de charge, l’appareil refusa catégoriquement de fonctionner, affichant un message alarmant : « Présence d’eau détectée ». Une affirmation peut-être un peu dramatique, mais néanmoins plausible… En tout cas angoissante pour un nomophobe. Après plusieurs minutes de sèche-cheveux, le courant électrique finit par reprendre ses droits.
Le bilan de cette première journée fut donc simple : beaucoup d’efforts, peu de répit, et une nature roumaine qui ne se laisse apprivoiser qu’à un prix élevé. Mais le goût de l’aventure, lui, était bien là.
Randonnée au départ de Brasov. 30,3km – 1550m+. Lien Strava.
Jour 2 — Tôle glissante, toits roumains et présumé loup
Après les préparatifs traditionnels des sacs de randonnée, nous sortons de chez nous et… la rue est sous l’eau. Les alertes inondations étaient donc visiblement justifiées ! Mais cela ne nous empêche pas de prendre la route.
Après une première journée particulièrement rude, le Jour 2 nous offrit une parenthèse bienveillante. Il débuta par une visite culturelle des plus emblématiques : le château de Bran, que l’on associe traditionnellement à la légende de Dracula. Situé dans le charmant village du même nom, l’édifice se révéla à la hauteur de sa réputation — pittoresque, spectaculaire, et, disons-le, très photogénique.
Nous avons exploré ses pièces étroites, ses escaliers en colimaçon et ses cours intérieures avec un enthousiasme renouvelé. Une exposition temporaire sur les instruments de torture médiévaux ajoutait à l’atmosphère légèrement inquiétante du lieu — une surprise à la fois glaçante et fascinante. Parmi les personnages marquants évoqués dans les salles du château, la reine Marie et son époux — dont les portraits et les meubles semblent encore habiter les lieux — nous ont rappelé que l’unification de la Roumanie, en 1918, relevait autant de la stratégie politique que du roman national.
Après cette immersion historique, nous avons quitté Bran pour entamer une randonnée en boucle de 26 kilomètres, avec un dénivelé modéré d’environ 620 mètres. Et, miracle météorologique : presque aucune pluie. Jusqu’à 15h, le ciel s’est montré clément, parfois même lumineux. Le vent, léger, ponctuait agréablement notre marche, sans jamais nous contraindre.
Au fil du chemin, nous avons traversé plusieurs villages traditionnels, dont la simplicité et la beauté rustique nous ont séduits. Les toits, notamment, ont suscité l’enthousiasme de Bi, qui rêve désormais d’exporter ces savoir-faire vers Monthenault, malgré l’inflexibilité des Bâtiments de France, organisme comme chacun sait complètement demeuré.
En milieu de parcours, une rencontre inattendue a brièvement accéléré nos pas : une silhouette animale furtive, non identifiée avec certitude, mais qui aurait bien pu être un loup. Elle s’est éclipsée sans bruit dès qu’elle nous aperçut. Une présence discrète mais marquante.
Autre anecdote mémorable : un petit ruisseau en apparence anodin, mais que Bi refusa catégoriquement de traverser, jugeant la manœuvre trop hasardeuse. Un détour fut donc improvisé. Un peu plus tard, nous avons dépassé un groupe d’une dizaine de randonneurs britanniques, visiblement plus âgés, lors d’une descente à flanc de colline.
C’est alors qu’une rivière en crue coupa net notre progression. Seule solution : une plaque de tôle métallique, posée de manière incertaine entre les deux rives. Ju franchit l’obstacle en funambule, concentré et équilibré. Bi, plus prudent (ou plus réaliste), opta pour une traversée à quatre pattes, avec son sens inné de l’équilibre (non). La scène, silencieuse mais intense, fut observée par les Britanniques, qui se lancèrent à leur tour dans cette épreuve d’équilibre. Nous avons regardé leurs tentatives avec un mélange d’admiration et d’appréhension.
La journée s’est achevée sans autre difficulté. Une marche agréable, ponctuée de paysages vallonnés, de toits en tuiles de métal soigneusement posées, et d’une nature généreuse, rendue paisible par l’absence de pluie persistante. Un jour de répit, qui contrastait fortement avec la veille… et avec ce que nous ne savions pas encore du lendemain.
Randonnée au départ de Bran, passant dans le Parc National de Piatra Craiului. 26,5km – 570m+. Lien Strava.
Jour 3 — La beauté âpre de la montagne
Le troisième jour s’est ouvert sous le signe de l’excès. Vingt-huit kilomètres, 2089 mètres de dénivelé positif prévus, et une ambition qui, avec le recul, relevait davantage de l’inconscience que de la vaillance.
L’étape se présentait clairement : les dix premiers kilomètres devaient concentrer l’essentiel de la difficulté, avec une pente moyenne de 20 % à travers des terrains escarpés, avant de laisser place à une progression plus douce. Cette promesse, sur le papier, nous a offert un faux sentiment de préparation. En réalité, l’ascension s’est révélée technique, raide, exigeante. Des chaînes jalonnaient le parcours, nous forçant à mobiliser mains, pieds et concentration. La sueur n’a pas tardé à se manifester. Et, détail marquant : de nombreuses croix commémoratives ponctuaient notre chemin, rappelant que la montagne, parfois, ne pardonne pas.
À mesure que nous prenions de l’altitude, le brouillard s’est invité, ajoutant une touche d’austérité au paysage. Nous avons aperçu d’étranges formations rocheuses, ressemblant à des dents, avant d’atteindre les premiers névés. Heureusement, les conditions restaient praticables et, curieusement, cette rencontre avec la neige nous a procuré un sentiment de légèreté, après avoir monté plus de 1000 mètres de dénivelé sur moins de 5km. La progression sur les hautes plaines était agréable, presque sereine.
C’est à ce moment-là qu’un renard, peu farouche, s’est approché. Il est resté près de nous un instant, suffisamment longtemps pour que nous puissions l’observer et le photographier. Cette rencontre, inattendue et paisible, fut l’un des rares instants de grâce de la journée.
Puis la neige s’est faite plus présente, jusqu’à recouvrir entièrement le sentier. Il nous a alors fallu suivre les empreintes d’un unique marcheur – accompagnées de celles d’un chien – sur plusieurs heures. Le terrain devenait de plus en plus incertain. Chaque pas menaçait de nous enfoncer jusqu’aux genoux, et la disparition progressive des chemins sous la couche blanche compliquait l’orientation. La pluie, fine mais persistante, s’est jointe à l’épreuve, tout comme un froid mordant.
Nous avons continué l’ascension jusqu’à 2500 mètres dans des conditions de plus en plus éprouvantes. À plusieurs reprises, nous avons dû quitter les traces existantes, trop exposées ou dangereuses en raison de la neige. Chaque sommet franchi en dévoilait un autre, plus escarpé, plus incertain. Le moral vacillait. Les nuages aussi. Les prévisions météorologiques étant catastrophiques, aucun des deux compères n’avait pensé à emporter ses lunettes de soleil. Pourtant peu avant d’arriver au sommet, la face jaune se dévoilà, brûlant les yeux, en particulier ceux de Bi, qui restèrent rouges jusqu’à la fin du séjour en Roumanie, lui interdisant de porter ses lentilles de contact.
Puis, il a fallu redescendre. Là encore, l’épreuve fut rude. La pente était raide, et la neige rendait chaque mouvement instable. Les traces de pas humains que nous suivions avaient maintenant disparu, le balisage devenait introuvable, et notre trace GPS incompréhensible (la suivre nous aurait fait chuter des falaises).
Plus à l’aise que Bi sur ce terrain, Ju remarqua en premier des traces d’ours dans la neige. Lui vint alors une idée extrêmement logique : il faut les suivre (Bi ne trouva pas cela immédiatement pertinent).
Nous avons fini par glisser sur plusieurs dizaines de mètres en contrebas, assis, afin de franchir certains passages trop abrupts. Peu après, une jambe de Bi se bloqua dans la neige, et en se dégageant, il découvrit un grand trou assez profond et des rochers : évidemment, nous n’étions pas du tout sur un chemin.
C’est dans la vallée en contrebas que nous avons enfin retrouvé une signalétique partielle et quelques repères rassurants. « Risques d’avalanche jusqu’en juin ! » nous précisent alors plusieurs panneaux.
La neige a fini par disparaître, remplacée par un chemin forestier détrempé, où chaque descente semblait s’accompagner, par un jeu cruel, d’une remontée immédiate. Le froid s’intensifiait, et la pluie ne cessait plus. La fatigue se faisait sentir dans chaque geste.
Après quelques heures sur ce terrain, l’accident de Ju survint. Une chute, une cheville tordue, une douleur vive, et une articulation qui gonflait à vue d’œil. Le reste du parcours, environ trois kilomètres, s’est effectué lentement, douloureusement, avec l’aide de bâtons de marche. Une fois en vue de la première rue du village, il a été convenu que Bi irait chercher la voiture en marchant et en courant (l’occasion de déclencher une petite douleur sans conséquence au pied gauche) pour éviter à Ju toute marche supplémentaire. Nous avons regagné notre hébergement après 23 heures. Le repas fut tardif, le moral entamé. Mais nous étions sains et saufs.
Et malgré tout, cette journée demeure magnifique dans notre mémoire. Nous avons vu des empreintes d’ours en quantité, croisé un sanglier et ses petits, aperçu des chevreuils , des chamois et des biches, et vécu une expérience montagnarde d’une intensité rare, qui a rappelé à Bi sa périlleuse randonnée en solitaire dans le Queyras en 2019.
La chasse en Roumanie :
Nous avons croisé tant d’animaux que nous nous sommes posés des questions au sujet de la pratique de la chasse en Roumanie. Les animaux sauvages semblent en effet peu farouches en Roumanie comparé à la France. En se rendant sur les monts Făgăraş (les plus emblématiques des Carpates Roumaines) via une route en voiture, on peut apparemment se faire approcher par des ours curieux. Après quelques recherches, il semble que les Roumains soient un peu moins psychopathes que les Français au niveau de la pratique de la chasse. Les espaces naturels sont moins morcelés et il semble admis que les animaux sauvages n’ont pas pour unique but de nous divertir en les persécutant. Il semble toutefois que des étrangers se rendent dans les Carpathes en quête de trophées, et que des restrictions de la chasse à l’ours commencent à être levées… Si le pays se développe, il n’y a pas de raison que la connerie ne suive pas.
Selon nos montres, plus de 7000 calories pour Ju / plus de 5000 pour Bi furent brûlées ce jour-là. L’effort fut considérable. L’émotion, elle, inoubliable.
Bilan de la journée : il va falloir amputer Ju et il se pourrait que Bi devienne aveugle.
Randonnée au départ de Busteni, passant dans le Parc National de Bucegi. 30,6km – 2200m+. Lien Strava.
Jour 4 — La pause méritée
Le lendemain matin, il semble que Ju ne se soit pas auto-réparé durant la nuit. Cette preuve de fainéantise nous fait décider de rester sur Brasov et de profiter d’une pause méritée.
Bi part en quête de béquilles pour Ju, qui semble souffrir d’une entorse à la cheville. C’est toujours une aventure pour Bi de partir dans une ville à l’étranger à la recherche de quelque chose. D’abord, il faut parler à des êtres humains, et en plus ils ne comprennent rien et on ne les comprend pas. Les pharmaciennes sont bien gentilles mais selon elles le magasin de matériel médical se trouve links on the street blabla, oui mais non. Heureusement, Google est là et la quête des béquilles finit par être un succès. Une quête secondaire est même réussie et Bi ramène également un baume naturel magique au menthol et des chaussettes de contention : la guérison de Ju devrait donc être imminente !
Après quelques courses dans un Carrefour City minuscule où on ne trouve rien, pas même des œufs, Bi part faire un petit trail urbain dans Brasov et remarque la présence de rubalises annonçant un marathon. De toute façon, il est trop tard pour s’inscrire et après les trois jours de randonnées, les jambes et le cardio sont déjà dans un piteux état !
Petit trail urbain à Brasov. 7km – 180m+. Lien Strava.
Jour 5 — Reprise de la randonnée… pour Bi
La guérison magique de Ju n’a pas encore eu lieu puisqu’il ne veut pas faire d’efforts. Bi part donc en quête de randonnées à une distance de route raisonnable (il exclut les randonnées à 5 heures de route aller-retour) et à altitude modérée (la motivation de s’enfoncer à nouveau dans la neige à 2500m d’altitude dans la solitude est faible et la route vers les monts de Făgăraş serait fermée jusqu’à fin juin).
Bi décide donc de se rendre dans la région de Cheia, au Sud-Est de Brasov.
Sur la route, des alertes retentissent à nouveau sur le téléphone. Mais cette fois-ci, ce n’est pas une “Alerte extrême inondation” mais une “Alerte extrême ours”. Plusieurs alertes similaires seront reçues durant le séjour, dont certaines dans des secteurs sur lesquels nous avons randonné.
Le trajet permet aussi de rentrer dans une Roumanie plus rurale et plus pauvre. La route traverse un village Rom avec des habitats illégaux. La population paraît pauvre, les grands-mères roumaines accompagnant les enfants poussant des brouettes sur la route pour rejoindre l’autre côté du bidonville. C’est le quartier Garcini de Sacele.
La randonnée est agréable, il faut suivre de petits sentiers étroits mais on voit que c’est beaucoup plus touristique, il y a des voitures sur les parkings et il faut régulièrement doubler des humains. Les paysages sont magnifiques mais ce n’est pas la grande aventure. La randonnée de 25km – 1335m+ se finit donc en six heures sans difficultés, pauses incluses. Malgré tout, cela refait bien travailler les jambes. Le dos de Bi semble aller mieux.
Randonnée au départ de Măneciu, dans la région de Cheia. 25,4km – 1330m+. Lien Strava.
Jour 6 — L’arrivée de la canicule
J6 et Ju refuse toujours de guérir, malgré l’application régulière de glace et de baume magique. Bi décide de s’offrir une grasse matinée puis de partir dans la même optique que la veille à une distance raisonnable pour faire un petit trail.
Heureusement, il se passe toujours quelque chose. Les évacuations de la salle de bains de l’appartement sont bouchées. Aussi bien la douche que les toilettes. Un peu démunis, nous tentons diverses stratégies à base d’eau bouillante… de faire couler l’eau de l’évier car cela produit du vacarme dans les toilettes… mais rien de concluant. Voici donc une nouvelle quête pour Bi : la recherche de Destop dans un Lidl sur la route du trail (la Roumanie est le pays du Lidl, nous en croisons partout). Au final, le Destop n’a servi à rien et tout reste bouché. Heureusement nous pouvons nous vider dans les restaurants le soir 🙂
Le trail de Bi se fait au départ de Codlea, au Nord-Ouest de Brasov. C’est très forestier et l’objectif est raisonnable (environ 16km pour 700m de dénivelé). Heureusement, il n’y avait aucune ambition de vitesse. Le soleil sort, il commence à faire chaud, et la sortie commence par une montée : au bout de 20 mètres, le trail se transforme en une “randonnée avec quelques portions courues” ! Vivement l’automne et la pluie.
Le début de l’itinéraire concentre l’essentiel du dénivelé positif sur des chemins assez roulants mais très boueux. Une fois au “sommet” (mais Bi était loin d’être en haute montagne), les chemins sont un peu plus techniques et nécessitent quelques compétences en escalade pour rejoindre et quitter le “Château Noir”, une citadelle en pleine forêt à 980 mètres d’altitude. Elle daterait de l’époque des croisades au début du XIIIème siècle et les chevaliers teutoniques auraient confié sa réalisation à des colons saxons. Il s’agit d’une enceinte à tours avec des ailes épaisses et elle mesurerait 100 mètres de long, sur un terrain irrégulier. Elle servait de refuge à la communauté saxonne local et gardait une route commerciale. Elle a probablement été incendiée et détruite en 1345 lors de l’invasion des Tatars.
La dernière partie de la “rando-trail” devait permettre de se poser au bord d’un lac. Mais c’est dimanche, il fait beau (a priori une des premières belles journées de l’année en Roumanie où il a énormément plu depuis plusieurs semaines), le lac est donc campé par des jeunes (et les jeunes, c’est nul et ça fait du bruit). De quoi redonner de la force à Bi pour courir un peu plus vite pour s’enfuir, malgré la fatigue et la lourdeur car le temps devient orageux.
Randonnée au départ de Codlea. 16,7km – 730m+. Lien Strava.
Jours 7/8 — Retour à Bucarest
Le lendemain, après avoir sommairement nettoyé l’appartement (nous constatons que les évacuations sont toujours bouchées… et les draps du lit de Bi ont été ensanglantés à cause des plaies du J3), nous prenons la route pour Bucarest en prévision du vol du lendemain. Nous avons environ 2h30 de route, ce qui nous laissera le temps de prendre un peu la température de la capitale de notre pays d’accueil.
Après une halte dans un restaurant où nous nous moquons des employés qui font semblant de travailler (serveuses ne servant pas et jardinier faisait semblant de nettoyer l’eau d’une cascade artificielle avec un balai), nous finissons par arriver à Bucarest.
Notre hôtel ne se situe pas dans une rue touristique, c’est le moins que l’on puisse dire. Le quartier est sale et délabré et par chance nous garons la voiture devant l’hôtel : le parking un peu plus loin est complet et en plus il fait très peur et est occupé par des hommes semblant se livrer à des activités étranges (mais nous préférons avancer, au rythme lent des pas de Ju, dont la jambe n’a pas encore guéri, il exagère). Néanmoins nous rejoignons rapidement des rues touristiques où se trouvent boutiques et restaurants où nous nous faisons alpaguer par des serveuses et des prostituées.
A propos des restaurants, être végétarien n’est pas l’idéal en Roumanie mais il est toujours possible de s’en sortir car il y a beaucoup de restaurants italiens. Pour Bi, le triptyque pâtes – pizzas – poissons aura opéré tous les soirs durant une semaine.
Après un repas dans un restaurant vegan à la bordure du quartier pauvre, nous rejoignons l’hôtel pour nous préparer à l’aventure de demain : rendre la voiture à l’agence locale de location Payless Car Rental. Nous en profitons pour lire les avis Google : 1,7/5 et les gens racontent leurs aventures à propos de l’assurance obligatoire (voir J0) et plus inquiétant, à propos du retour de la voiture et des frais injustifiés qui sont inventés par l’employée indienne (à qui nous avons eu affaire la semaine précédente).
Le lendemain nous prenons donc la route de l’agence et de l’aéroport en prenant soin de bien nettoyer la voiture à l’intérieur et à l’extérieur dans une station de lavage. Les employés de l’agence comparent les états des lieux durant de longues minutes à la recherche du moyen de nous faire raquer, mais en vain, nous sommes victorieux et ils nous laissent tranquilles. A noter que nous n’avons pas le droit d’entrer à deux dans le bureau “par mesure de sécurité”. Mais bien sûr !
La traversée de Bucarest, du centre vers la zone de l’aéroport Otopeni au Nord, se fait par de grands boulevards jonchés d’immeubles hideux. Ça ne donne vraiment pas envie. Notons tout de même que dans l’ensemble, les Roumains conduisent prudemment et respectent avec soin les passages piétons, matérialisés par de larges bandes rouges dans les rues.
Les vols se déroulent sans encombre (en effet, nous ne sommes pas morts), Ju reprenant la direction de Lyon et Bi de la Picardie. Le lendemain, Ju se rend à l’hôpital : il a le péroné cassé. Bi, lui, peut enfin remettre ses lentilles de contact.
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Les équipes du Guybus remercient la CC pour le prêt de Ju. Nous déclinons toute responsabilité pour la casse qui relève de sa propre responsabilité.
Un grand merci au vaillant Polo qui a accompli sa tâche d’esclave auprès de la Princesse blanche.
De gros bisous volants à Floppy.
Laisser un commentaire