Ju n’étant encore pas totalement remis de sa mononucléose asthmatique et Br étant (encore !) tombé amoureux, Bi (moi) suis donc parti en solitaire dans les Pyrénées.

Après quelques recherches, j’opte pour les Hautes Pyrénées, avec un objectif ambitieux (trop pour moi, comme d’habitude !) : faire le tour du Mont Perdu en 5 jours, version 105km pour 8700m de dénivelé positif. C’est moins que le Tour du Mont Blanc de l’an dernier, mais cette fois, je suis censé porter mon sac de 10,5 kg et bivouaquer. Je prévois tout de même à l’avance des chemins alternatifs sur ma carte topo, en cas de difficultés majeures. Je prépare mes affaires rapidement et file vers Gavarnie, à 1050 kilomètres de route de Laon : il faut partir plus vite que prévu, plus les jours passent et plus le risque d’orages dans les montagnes est important, selon la météo.

Sur la route : passage par Lourdes

Voyant que je passe par Lourdes, je fais une halte pour prier la Sainte Vierge. Comme il paraît probable que je vais mourir ou devoir me taillader un bras ou une jambe dans une grotte d’ici quelques heures/jours, je mets toutes les chances de mon côté pour que mes futures plaies ne s’infectent pas trop. C’est pourquoi je vais voir Marie dans la célèbre grotte de Bernadette. C’est aussi l’occasion de tester un peu mon nouvel appareil photo. Sur les photos, un des religieux ressemble à Ju : saurez-vous le retrouver ?

Visite rapide de Luz-Saint-Sauveur

A trois quarts d’heure de route, je passe la nuit à Luz-Saint-Sauveur / Esquièze-Sère, ville apparemment appréciée par Napoléon III et Eugénie (mais c’est Br qui est spécialiste de Napoléon III, donc il faudra lui demander). Avant de partir à l’hôtel, je vais me dégourdir les jambes en direction du château Sainte-Marie. Sur les photos ci-dessous est aussi visible la chapelle des Templiers, où se font entendre des chants traditionnels. Mais en levant les yeux au ciel, du côté des montagnes que je devrai escalader le lendemain, je constate que le ciel est bien menaçant : la météo m’aurait-elle dupé ?

J1 : c’est parti !

Je n’ai pas encore commencé que je suis déjà bien à la bourre : mon hôtel sert son petit-déjeuner à partir de 8h00 (cool, j’ai une excuse pour dormir tard), je n’ai pas encore acheté mes sandwichs pour demain, j’ai environ 30 minutes de route avant de rejoindre Gavarnie d’où je dois démarrer la rando devant durer 5 jours. Quand j’arrive sur place est affiché partout : « FORFAIT PARKING 24 HEURES POUR 5 EUROS ». WTF? Je cherche un emplacement gratuit et je me retrouve à Pampelune, plus haut, ce qui rallonge ma randonnée (en descente pour le J1, mais par conséquent en montée de 500m pour le J5 ! Prometteur !). Après ces agacements, je commence finalement ma randonnée après 10h00 du matin, et j’aborde le GR10 !

Beaucoup de marmottes, des marmottes partout ! En redescendant dans le brouillard vers mon refuge des Oulettes, j’ai eu la chance de croiser et de pouvoir photographier un isard.

J2 : le doute s’installe…

Comme à chaque nuit sous une tente, c’est le drame : je n’ai quasiment pas dormi, enfin juste suffisamment pour survivre. Au petit matin, je range péniblement mes affaires dans mon sac, je vais prendre mon petit-déjeuner au refuge (dont 4 bols de café…) et je reprends la marche tel un zombie. Ayant étudié un peu la carte hier soir, je pars malgré tout relativement confiant : environ 500 mètres de montée au début, puis ça descend le reste de la journée… Sauf que voilà, cette montée est HORRIBLE, beaucoup de caillasse, ce ne sont pas des chemins sur lesquels on peut marcher en « mode automatique », il faut rester concentrer.

Vue depuis le Col des Mulets (frontière)

Le début de la descente n’est pas plus facile. Puis le gros doute survient lorsque la trace GPS s’écarte des chemins de GR et part en live au bord du vide sur des non-chemins. Je commence à me dire que si c’est ainsi toute la journée, je vais devoir utiliser ma lampe frontale… Heureusement, je finis par récupérer le GR11 et je redescends vers le refuge de San Nicolas de Bujaruelo. Plus j’avance et plus le chemin est facile (il se termine même par une large piste). Arrivé sur place, je prends une (non, deux (pintes), pardon) cerveza, un burger, une douche, et c’est parti pour une seconde mauvaise nuit sous la tente !

J3 : on modifie les plans !

Bon, monter 1500m ou plus avec un sac de 10 kilos, c’est chaud pour moi, mais je l’ai déjà fait donc c’est faisable. Mais pas après deux nuits catastrophiques 🙂 Je réétudie ma carte topo et prends la décision de remonter vers Gavarnie par un chemin alternatif, abandonnant ainsi le Tour du Mont Perdu et le passage par la Brèche de Roland. Je me console en constatant que ce détour va me permettre de passer par deux lacs de montagne. Et après tout, même en prenant ce raccourci, je dois encore gravir plus de 1000 mètres de dénivelé positif aujourd’hui, ce qui n’est pas rien, surtout que c’est raide (montée sur 5km). Beaucoup de souffrance (surtout les pieds en fait, qui me font oublier le poids du sac, ce n’est pas plus mal !), mais arrivé au sommet, le spectacle est sublime. Le sommet sépare la France et l’Espagne, et chaque pays a son lac de part et d’autre : beau panorama !

Les ténèbres s’insinuèrent à nouveau dans les forêts du monde, une ombre à l’Est engendra une rumeur, murmure d’une peur sans nom. Bi/Guius/Guytou/Guy* comprit que son heure était venue.

 

 

La descente vers la voiture, via la route, paraît interminable, et j’arrive juste à temps, le ciel devient fortement menaçant…

 

J4 : oui, encore un jour malgré tout…

Je suis quand même à plus de 1000km de chez moi, donc autant en profiter encore un jour… d’autant plus qu’il serait dommage de repartir d’ici sans avoir vu le fameux « cirque de Gavarnie ». Je décide donc d’y faire un tour avant de rentrer en Picardie.

 

Conclusion

Le bilan sportif est donc nuancé puisque l’objectif n’a pas été tenu, j’ai donc fait preuve d’une faiblesse mentale impardonnable ! Vous pouvez m’insulter dans les commentaires. J’ai sous-estimé les difficultés du challenge. J’en ai fait un tableau pour faire plaisir à « Mme Feutêét ».

Difficultés prévues et assumées Difficultés négligées
– Le poids du sac (10,5kg avec l’eau quand on fait 60kg tout mouillé !)

– Le fait de ne pas réussir à dormir sous une tente, difficile de faire des exploits sportifs sans sommeil…

La chaleur (mais comment peut-il faire aussi chaud en altitude ???) et presque jamais d’ombre sur le parcours, contrairement aux chemins dans les Alpes !

La nature des chemins : c’est très raide, mais surtout, ce ne sont pas des « chemins faciles », beaucoup de caillasses et de rochers comparé au Tour du Mont Blanc.

– L’absence de ravitaillement en coca au milieu des étapes ! Ca c’était bien et vital au TMB !

Le bilan global est heureusement beaucoup plus satisfaisant, j’ai quand même vu des paysages fabuleux et j’ai crapahuté dans la montagne, et c’est tout ce qui compte !

 

* Rayez les mentions inutiles. Oui je sais, on est nombreux dans ma tête.